Le sabotier, évoqué dans le dictionnaire des métiers d'autrefois
de Gilles et Laurence Laurendon

Au hasard de mes lectures de détente, je tombais il y a quelques semaines sur un petit livre de poche dans les rayonnages de la bibliothèque municipale, qui avait dû rester là un certain temps, camouflé par deux autres livres qui l'avaient relégué tout au fond, n'offrant nulle chance d'être découvert. C'est en consultant l'un des ces deux livres puis en voulant le remettre à sa place que je m'aperçus qu'il butait sur quelque chose, m'empêchant de le ranger complètement.

Voici le titre du trésor oublié que j'extirpais avec curiosité: Dictionnaire des métiers d'autrefois1, de G & L Laurendon.

Vous pensez bien que mon sang ne fit qu'un tour et que fébrilement, (bon il se peut que j'exagère un peu...) je parcourus les pages jusqu'à la fameuse lettre S, non pas pour chercher mon prénom, mais pour y trouver peut-être des informations sur les sabotiers, déformation « Aquitainensabotesque » oblige.

J'y découvris un extrait du Journal de Jules Renard en préambule puis les quelques éléments dont je vous fais part ci-dessous, concernant le choix du bois, le lieu où l'artisan s'établissait, puis l'arrivée des usines et des galoches et leur répercussion sur son commerce. (p. 248 à 251)
Bonne lecture, Sèverine.

 


« Un bon sabotier doit savoir choisir le bois dont il fait les sabots. Qu'il soit de noyer, d'aulne, de pin ou de bouleau, il le faut vieux et sain.

Jusque dans les années 50, tout le monde à la campagne portait des sabots. La matière première ne coûtait rien et les paysans les taillaient souvent eux-mêmes.

Mais le sabotier ne manquait pas d'ouvrage: les sabots de bois s'usaient vite et lui seul connaissait l'art de les sculpter, de les garnir de cuir et de fer pour les renforcer et de les décorer avec du vernis et des couleurs.

Les sabotiers les plus pauvres travaillaient au coeur des forêts, là où se faisait la coupe du bois. Ils s'installaient dans des cabanes avec leur famille. Femmes et enfants participaient aux tâches. Ils allaient ramasser des fagots de petit bois, entretenir le feu...
Le sabotier pratiquait la taille sur un petit billot de bois bien calé entre ses jambes.

D'autres sabotiers tenaient boutique en ville. Leur clientèle était composée de notables: le notaire, le curé, le médecin. Mais installé dans un commerce ou vendant en plein air sur les marchés, aucun sabotier ne vivait confortablement de la vente de ses sabots. C'était un métier de pauvre.

Lorsque les galoches firent leur apparition, elles obtinrent un beau succès. Compromis entre la chaussure et le sabot, l'empeigne2 de la galoche était de cuir et la semelle en bois. Moins lourde que le sabot, elle chaussait mieux les pieds des enfants qui se rendaient à l'école à pied et parcouraient souvent plusieurs kilomètres chaque jour.

La fabrication des sabots en usine concurrençait le travail des sabotiers depuis 1920.

Aujourd'hui, les sabots ne survivent guère que lors de fêtes traditionnelles régionales ou sous forme de miniature pour touristes. »



 

1Dictionnaire des métiers d'autrefois, Gilles & Laurence Laurendon, le livre de poche jeunesse, 1996. p.248 à 251.

 

2L'empeigne désigne la partie de cuir qui forme le dessus de la galoche. (note personnelle)
Pour plus d'informations, voir la page de l'asso Freynetique:
http://freneydoisans.com/freneytique/les-chaussures-dautrefois/

 

 
 



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