Vie de mon ancêtre sabotier Vincent ARDURA.





Cette histoire commence  le 20 avril 1770 à Barsac, en Gironde. (33)

C’est un jour de baptême où le curé tient entre ses mains un enfant de sexe masculin qui voyagera beaucoup dans le département et qui finira par se rendre en Lot-et Garonne, mais nous verrons cela plus tard.
 

Il s’appelle Vincent ARDURA, fils d’Arnaud Ardura (poissonnier) et de Marthe Poussac qui se sont unis en 1765 à Barsac. Il est né hier. Cet ancêtre, voilà des années que je le cherche, que je remonte la moindre petite piste afin de remonter une génération certes, mais aussi pour savoir d’où il vient.

D’ailleurs, j’ai perdu sa trace en 1819 à Agen : il était encore vivant au mariage de son fils Jean en août de la même année mais ensuite mystère…a-t-il encore déménagé ? Est-il décédé ?

Vincent a eu plusieurs frères et sœurs dont Arnaud, né le 20/04/1772, qui deviendra sabotier comme lui et se mariera en 1797 à Catherine Fournier à Bordeaux.

Mais revenons à nos sabots!

La maman de Vincent dût certainement avoir une grosse frayeur, deux semaines avant le terme. Avril 1770[1], c’est aussi l’année où Barsac connut un débordement important de la Garonne : les registres paroissiaux sont retranscrits par le curé car « ayant resté pendant deux jours couverts d'eau, dans la petite armoire du vestière de la sacristie".

Ce ne fût donc pas une période faste pour les habitants. La fabrique, c’est-à-dire la paroisse, distribua pour 400 livres de pain aux pauvres suite à cette catastrophe. On peut d'ailleurs consulter le témoignage du curé qui y consacre quelques pages dans le registre de 1770. Une marque à l'entrée de l'église fût faite, mentionnant le record tragique atteint par l'inondation: 12,50m. On appela ce terrible évènement " la Grande Souberne".[2]

Vint ensuite la Révolution de 1789 où l’on sait que trente volontaires de la ville suivirent le Commandant Boireau et jurèrent après la messe de vaincre ou de mourir.

En 1791, Vincent se marie avec Marthe Nalis, à Preignac, dont la jeune femme est originaire. Les deux villes se côtoyant, on comprend mieux comment ils se sont rencontrés.

Il est alors sabotier. Ils ont deux enfants, Jean né en 1792 qui ne vivra qu’une quinzaine de jours, et Marthe, née en 1793 qui deviendra plus tard revendeuse à Agen.

La famille déménage ensuite à Bordeaux (est-ce pour le travail ?) et deux autres enfants naissent : Jean en 1795, qui deviendra sabotier comme son père, et Marie en 1798.
Hélas, sa femme meurt à l’âge de 38 ans en 1801 et Vincent a encore de jeunes enfants, la petite dernière n'ayant que trois ans. A cette époque (1801-1802), ils ne sont pas les seuls à habiter dans la même maison: on y trouve un autre sabotier; Martial Danglade et un tailleur de pierres; Jean Laurent.
Mais Vincent doit nourrir sa famille, s'occuper des petits et aussi assurer ses commandes de sabots.
Il prend très vite pour femme Anne Babel, originaire de Castres (33). Je ne sais comment ils se sont rencontrés.
La famille s’agrandira encore puisque huit enfants verront le jour, même si certains naîtront sans vie.

Des déménagements, il y en aura beaucoup dans Bordeaux de 1795 à 1808. Peut-être pour le travail, le loyer ou encore la place, car la famille est nombreuse!

Zone d'ombre de 1809 à 1812 puis 1813, c'est le grand départ. Les valises sont faites, la famille part à Agen, dans le Lot-et-Garonne! Ils habiteront d'abord Rue Molinier, où les petites échoppes témoignent d'une activité commerçante depuis le Moyen-âge puis Place du Marché au Blé, près du centre-ville. Il est probable que Vincent y ait travaillé.

 

 

Rue Molinier.  (Appelée ainsi depuis le XIVème siècle
car c'était par ici que les meuniers faisaient entrer la farine dans Agen)


 

De 1813 à 1816, la famille connaîtra les crues qui touchaient régulièrement la ville.
La rue Molinier mais aussi Les Cornières, dont nous reparlerons, étaient inondées. S'ajoute à cette catastrophe le décès du petit Louis âgé d'à peine quelques mois.

Mais la famille rebondit en août 1819 avec le mariage de Jean, le fils de Vincent, devenu lui aussi sabotier. En septembre, Pétronille Lhéritier et Jean donnent naissance à Vincent, futur plâtrier.
A l'époque, ils résident sous Les Cornières, non loin de la place du Marché au Blé et de celle des Laitiers. Il est possible que Jean  ait installé son établi de sabotier sous les Cornières, à l'abri des intempéries, car du 18ème au 19ème siècle, cette rue hébergeait de nombreux commerces. L'office du tourisme d'Agen la qualifie "d'axe économique majeur de la cité."
 

Les Cornières.
 

Maison à colombages, rue des Cornières.


 

La suite de l'histoire? Eh bien, je ne l'ai pas encore trouvé...mon ancêtre Vincent disparaît dans la nature (pas de trace de son décès à Agen) et son fils Jean y reste jusqu'en 1842, date de son décès. Il y élèvera trois enfants; Vincent, Anne et Jean-Baptiste. Les deux garçons feront leur vie à Bordeaux.
Avec Marthe Ardura, première fille de Vincent Ardura (née en 1793 à Preignac, Gironde) s'éteindra la famille ARDURA à Agen en 1845. Mais elle perdurera en Gironde, à Bordeaux, jusqu'à nos jours.


15 mai 2011: Une nouvelle piste!

Il y a quelques temps, je m'interrogeais sur la présence d'une famille ARDURA résidant à Blaye et j'attendais de recevoir plus d'informations via une bénévole du forum GEG-GENHILIB qui s'était proposée de rechercher les actes.

Si je savais que Vincent, le plâtrier né à Agen s'était marié là-bas, en revanche je ne savais pas que mon sabotier de Vincent de 1770 était encore vivant en 1847 et s'était installé à Blaye! Souvenez-vous, nous l'avions quitté en 1819 à Agen, puis plus rien! Il avait 79 ans. Pas mal!

Deuxième grande découverte, un autre enfant de ce sabotier dont je ne connaissais pas l'existence! Arnaud-Philippe (dit Armand-Philippe), sabotier lui aussi, mais surtout ayant eu des démêlés avec la justice de l'époque...
Il fût en effet condamné par les commissions mixtes de 1852 à être transporté mais l'on ne dit pas pour quelle raison...


 


 




 



[1] CHASSAIGNE Franck. Barsac, Histoire générale de la commune.

[2] Chroniques Illadaises; la Grande Souberne: http://illats.fr/Chroniques.html#Souberne

 

 


 
 



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